Auguste Perret

Nul n’a été moins polémiste qu’Auguste Perret. Il comptait sur son œuvre pour s’affirmer et s’imposer. Il n’a pas écrit, à l’exception d’un recueil de pensées, « Contribution à une théorie de l’Architecture », récemment édité, et dans lequel on retrouve, sous une forme concise, arrondie et polie, les formules lapidaires et hardies de sa conversation avec ses élèves.

En 1932, il avait quitté la maison de la rue Franklin pour s’installer dans son immeuble rue Raynouard : en bas, la somptueuse salle de son agence ; tout en haut, son appartement dans lequel, tous les dimanches après-midi, Madame Auguste Perret et lui recevaient avec amitié et bienveillance.

Ces deux agences successives avaient ceci en commun que rien — si ce n’est une immense glace dans la première — ne séparait les dessinateurs, ingénieurs, métreurs, employés de l’entreprise, des patrons, assis autour d’une immense table carrée. C’était à la fois l’agence des architectes Auguste et Gustave Perret et le bureau de l’entreprise Perret Frères, dont la gestion appartenait plus particulièrement au plus jeune des trois frères, Claude. Auguste Perret, « Monsieur Auguste » pour les employés de l’agence — qui pour la plupart avaient commencé leur travail comme apprentis et lui restaient fidèles pendant toute leur vie —, dominait tout par sa personnalité. Gustave Perret, mort en 1952, était un excellent architecte, un homme charmant et le collaborateur le plus intime de son frère. Cette combinaison d’agence d’architecte et d’entreprise, où le chantier était présent partout, où les chefs de chantier venaient discuter avec les patrons et où les dessinateurs et architectes allaient porter la paie aux ouvriers, était magnifiquement vivante ; elle affirmait aussi le souverain mépris d’Auguste Perret pour les conventions académiques qui auraient voulu qu’il y eût une cloison étanche entre l’architecte et l’entrepreneur.